L’EMDR une méthode innovatrice en psychothérapie
Qu’est-ce que l’EMDR ?
Certains événements pénibles laissent des traces difficiles à gommer dans l’esprit, nécessitant un suivi constant de la part d’un spécialiste.
L’EMDR se propose de traiter ce problème en adoptant une approche différente des thérapies classiques.
L’EMDR, pour Eye Movement Desensitization and Reprocessing (Mouvement des yeux, désensibilisation et retraitement de l’information), a vu le jour vers la fin des années 1980.
Cette méthode de thérapie est dédiée au traitement du syndrome de stress post-traumatique, anxiétés actuelles ou les phobies ; accident grave, deuil, etc… essentiellement à travers un travail de concentration sur le souvenir douloureux, le recouvrement d’une partie au moins de l’estime de soi et une stimulation sensorielle, le plus souvent par des mouvements oculaires.
Spécialiste en thérapie comportementale, la scientifique américaine Francine Shapiro s’est inspirée des travaux qu’elle a étudiés dans le domaine de la psycho-neuro-immunologie (ceux de Norman Cousins notamment) et de son expérience personnelle pour mettre sur pied la théorie de l’EMDR.
Ce qui lui a d’ailleurs valu, en 1994, un Award for Distinguished Scientific Achievement in Psychology.
Depuis 2004, l’efficacité de la thérapie EMDR dans le traitement des syndromes post-traumatiques est reconnue par l’INSERM.
En France, l’Association EMDR-France promeut la méthode et forme les spécialistes.
La stimulation sensorielle comme moyen de thérapie.
Le patient pris en charge par EMDR est accompagné dans sa remémoration de l’évènement traumatique qui l’a marqué.
On ne l’encourage pas seulement à revisualiser l’objet de son traumatisme, mais il est aussi amené à y associer une série de sensations cognitives, émotionnelles, corporelles, une stimulation sensorielle telle que les mouvements oculaires, de manière à ce que le souvenir traumatique soit réintégré sous une forme moins négative dans la mémoire du patient.
La thérapie EMDR se pratique en 8 étapes successives :
1- Diagnostic et planification : la première phase de la thérapie consiste à s’assurer que l’EMDR est un traitement adapté au patient. Un aspect de cette évaluation concerne la capacité de la personne à faire face aux souvenirs de l’événement traumatisant qui seront ravivés pendant la thérapie. Le thérapeute prépare alors avec le patient un plan de traitement.
2- Préparation et relaxation : le thérapeute doit ensuite préparer son patient à l’EMDR en lui expliquant le déroulement de la thérapie. Il s’assure que le patient maîtrise quelques techniques de relaxation et est capable de contrôler les émotions succédant à une expérience désagréable.
3- Évaluation : la phase suivante permet de déterminer les souvenirs qui feront l’objet du traitement. Pour chaque événement traumatisant conscient ou chaque situation anxiogène dans le présent, liée à un événement traumatisant, conscient ou non, le patient doit choisir une image qui représente l’événement ou la situation, une idée négative associée à l’événement (« cognition négative ») et une idée susceptible d’élever l’estime de soi (« cognition positive »). Le patient évalue alors la validité de l’idée positive sur une échelle numérique. Il associe également l’image anxiogène et l’idée négative et évalue l’ampleur de sa détresse sur une échelle numérique (de 0 – tout va bien à 10 – détresse intense). Cette détresse émotionnelle se traduit par un malaise physique qu’il est invité à localiser sur son corps.
4- Désensibilisation : le patient continue à penser à l’image traumatisante et à l’idée négative alors que le thérapeute lui demande de suivre avec les yeux un point lumineux qu’il déplace dans l’espace. D’autres stimuli (bruits successifs à gauche et à droite, claquement des doigts, stimulation tactile, etc.) peuvent être également utilisés lors de cette phase. Le patient est encouragé à suivre les associations mentales qui se font naturellement pendant cet exercice et ce sont ces associations progressives qui sont censées être au cœur du traitement, par exemple en ramenant à la conscience des événements oubliés. Cette phase du traitement continue jusqu’à ce que le patient évalue sa détresse à 0 ou à 1 sur l’échelle introduite lors de la phase précédente.
5- Ancrage : la phase suivante vise à associer l’idée positive à ce qu’il reste du souvenir de l’événement traumatisant. Quand l’évaluation de la détresse atteint 1 ou 0, le thérapeute demande au patient de penser à l’objectif fixé en début de séance. Les mouvements oculaires continuent jusqu’à ce que le patient évalue la validité de la cognition positive à 6 ou à 7 sur la première échelle utilisée durant la phase 3. Les étapes 3 à 5 recommencent à chaque séance pour une nouvelle image traumatisante.
6- Bilan corporel (body-scan) : le patient garde à l’esprit l’événement traumatisant et l’idée positive à laquelle il a été associé durant la phase précédente et passe en revue systématiquement ses sensations corporelles. Le but de cette phase est de repérer des « tensions » ou des « sensations négatives » qui subsisteraient et d’aider à les dissiper toujours à l’aide de séries de mouvements oculaires.
7- Conclusion : à la fin d’une séance, le thérapeute doit faire en sorte que son patient se trouve dans un état émotionnel stable, que le traitement soit terminé ou non. Il prépare également son patient à réagir correctement (relaxation, etc.), au cas où le souvenir de l’expérience traumatisante surgirait entre les séances.
8- Réévaluation : au début de la séance suivante le thérapeute demande au patient de repenser au but fixé lors de la séance précédente. En fonction des réactions du patient, il évalue l’effet de la thérapie et adapte son déroulement en conséquence. Vers la fin de la thérapie, le patient est invité à tenir un journal concernant les souvenirs travaillés pendant les séances et les associations qui lui viennent à l’esprit en dehors des séances.
Sources : santenaturellemag-emdr.ca