Traitement de l’obésité et du surpoids par les plantes médicinales
Rappel : les plantes médicinales ou les extraits de plantes ne sont pas capables, seuls, de faire maigrir durablement. Il faut absolument associer ces phytomédicaments à un régime hypocalorique et à une augmentation de l’activité physique.
Nous donnons ci-dessous une classification simplifiée puis nous détaillons certaines plantes médicinales utiles dans le traitement du surpoids ou de ses complications.
Certaines plantes médicinales peuvent agir de plusieurs façons, à plusieurs niveaux.
PLANTES MEDICINALES ANOREXIGENES POUR COUPER L’APPETIT OU LA FAIM
HOODIA
Plusieurs espèces de Hoodia, des plantes grasses de la famille des apocynacées, sont peut-être en passe de révolutionner le traitement de l’obésité. Les Hoodia sont traditionnellement utilisés par l’ethnie SAN d’Afrique du sud et d’autres tribus de Namibie et du Botswana pour couper l’appétit et la soif des chasseurs qui partent pour de longues marches, et soigner des troubles divers.
Les espèces les plus intéressantes sont Hoodia gordonii et Hoodia pilifera.
Les premières études confirment le pouvoir coupe-faim d’extraits de Hoodia et les composés en cause sont déjà déterminés. Actuellement la société Unilever est chargée de la commercialisation du Hoodia associée à la société anglaise Phytopharm.
Le Hoodia pose plusieurs problèmes
C’est une plante du désert qui pousse très lentement, elle sera bien vite surexploitée et sa culture n’est pas simple.
C’est une plante qui logiquement appartient aux peuples qui ont découvert ses propriétés. On trouve déjà des extraits de Hoodia sur Internet, mais la quantité de produit actif est souvent insuffisante et beaucoup d’autorités interdisent son commerce car c’est une plante « protégée ».
L’extrait de Hoodia est réservé aux adultes et déconseillé aux femmes enceintes en attendant des essais cliniques complets.
L’ANSM n’autorise plus la vente de médicaments contenant du Hoodia en France depuis mai 2012
EUCALYPTUS GLOBULUS ET RADIATUS, LAURUS NOBILIS
Chez beaucoup de gens, l’infusion d’eucalytus (à cinéole) ou de laurier sauce, coupe l’appétit. L’huile essentielle est moins efficace.
L’eucalyptus est utile en cas de diabète léger de type 2.
On peut boire ces infusions (sans sucre) à n’importe quel moment de la journée, mais 1/2 heure avant le repas semble le plus efficace ; Attention, chez certaines personnes, ces plantes peuvent être au contraire apéritives.
Une cuillerée à café de feuilles sèches brisées dans une tasse d’eau très chaude, 10 minutes d’infusion, 2 ou 3 fois par jour.
ERYTHROXYLUM COCA
La feuille de coca n’est bien sur pas facile à trouver en dehors des pays andins où on l’achète facilement sur les marchés ou en infusettes (mate de coca).
La feuille entière est plus efficace, consommée de façon traditionnelle.
C’est un très bon coupe-faim qui possède en plus des vertus anti-diabétiques et sans doute aussi un effet « brûle-graisse ».
CATHARANTHUS ROSEUS
Cette petite plante décorative d’origine tropicale est très répandue dans les pays chauds, elle est annuelle dans les pays à hivers froids.
La pervenche de Madagascar, Catharantus roseus est surtout connue pour les alcaloïdes anticancéreux qu’elle contient (vinblastine, vincristine). L’infusion de pervenche de Madagascar est un remède classique du diabète « gras » (= de type 2) dans toute la région antillaise. L’action antidiabètique et amaigrissante est sans doute la conséquence du pouvoir anorexique de cette infusion qui contient pas mal d’alcaloïdes.
15 à 20 g de feuilles (une petite poignée) dans un litre d’eau très chaude, 10 minutes d’infusion, filtrer, à consommer en 1 à 2 jours, conserver au froid.
Une semaine de cure, une semaine de repos. Arrêter en cas de troubles adverses : digestifs ou urinaires.
PHYLLANTUS NIRURI, ORTHOSIPHON STAMINEUS
Ces deux plantes sont des diurétiques. On sait qu’un diurétique ne sert pas à maigrir, il peut même entraîner un déséquilibre électrolytique, pris n’importe comment et de façon prolongée.
Néanmoins ces deux plantes diurétiques agissent aussi sur l’appétit (phyllantus) et peut-être sur la thermogenèse (orthosiphon).
L’expérience montre qu’elles peuvent aider à consolider une perte de poids en association avec un régime hypocalorique et une augmentation de l’activité physique.
Phyllantus niruri (« graine en bas vert » aux Antilles françaises) est une plante tropicale commune, surtout utilisée en médecine traditionnelle pour soigner la lithiase (calcul) urinaire (diurétique, anti-infectieux) : 15 à 20 g de feuilles fraîches (une petite poignée) dans un litre d’eau très chaude, 10 minutes d’infusion, filtrer, à consommer en 1 à 2 jours, conserver au froid. Une semaine de cure, une semaine de repos. Arrêter en cas de troubles adverses : digestifs ou urinaires.
L’Ortosiphon stamineus ou thé de java, plante décorative originaire de la région indo-malaise, est un remède traditionnel en Asie : diabète et surpoids, troubles urinaires, accès de goutte, hypertension. Elle est légèrement anti-inflammatoire ; 10 à 15 g de feuilles dans un litre d’eau à consommer en un à deux jours. Possibilité d’utiliser la teinture-mère (50 à 100 gouttes par jour), l’extrait sec, l’extrait total.
ALGUES, GOMME DU CAROUBIER, KONJAC
Les algues contiennent des polysaccharides (glucides) non assimilables par l’organisme humain.
On est donc tenté d’utiliser les algues ou leur extraits pour induire un effet de satiété (coupe-faim) sans apport calorique. La consommation d’algues apporte en plus des oligo-éléments (dont l’iode qui soutient l’activité thyroïdienne (brûle graisse).
On trouve maintenant facilement en Europe des algues séchées que l’on peut incorporer dans l’alimentation. Il est aussi possible de récolter et sécher des algues du littoral en prenant soin d’éviter les zones polluées par des rejets industriels ou à proximité des centrales nucléaires.
Certains polysaccharides d’algues rouges sont très souvent incorporés dans les aliments. Les plus intéressants, à notre avis, pour leur effet coupe faim sont les carraghénanes, en partie extraits de Chondrus crispus (facile à trouver sur la cote atlantique).
Le caroubier, Ceratonia siliqua, est un arbre typique du pourtour méditerranéen. Le fruit est une gousse à la pulpe comestible. Des graines, dont le poids régulier correspond au « carat » des bijoutiers, on extrait une « farine », qui n’est pas assimilable (sans calories diététiques). On peut incorporer cette farine « épaississante » et mucilagineuse à l’alimentation, c’est un très bon coupe faim.
D’autres plantes peuvent fournir des polysaccharides non assimilables utiles pour modérer l’appétit : le konjac ( Amorphophallus konjac) , le guar (Cyamopsis tetragonolobus), les plantains (psyllium, ispaghul). Tous ces glucides non assimilables peuvent accélérer le transit intestinal et parfois provoquer des crampes ou de la diarrhée chez les personnes à l’intestin très réactif. L’accélération du transit intestinal ou sa normalisation chez les personnes en surpoids habituellement constipées facilite la perte de poids : les aliments séjournent un peu moins longtemps dans le tube digestif, les bactéries du colon ont moins de temps pour dégrader en molécules assimilables les aliments normalement indigestes et non assimilables.
PLANTES MEDICINALES QUI AUGMENTENT LA THERMOGENESE (BRULE-GRAISSE)
L’éphédrine extrait de plusieurs Ephedra (ma huang) est très proche de l’amphétamine ; c’est un stimulant « sympathomimétique », qui, entre autres, facilite la perte de poids, mais nous le déconseillons car ses effets secondaires ne sont pas négligeables.
FUCUS
On utilise principalement les fucus (vesiculosus, serratus) comme adjuvants dans les régimes amaigrissants (effet de l’iode + effet des fucanes), surtout quand l’obésité s’accompagne d’une hypothyroïdie (obèse mou, pale et frileux).
On trouve des phytomédicaments à base de poudre de thalle de fucus (titrant 20 à 120 microgrammes d’iode par gramme), d’extrait alcoolique de fucus (110 microgrammes d’iode pour 10 ml) et une teinture-mère homéopathique. Une dose moyenne serait 0,5 à 1 g de poudre de thalle par jour ou 100 à 150 gouttes de teinture-mère. Attention à ne pas dépasser 120 microgrammes d’iode par jour.
PLANTES A CAFEINES
Le café n’est paradoxalement pas « amaigrissant », par contre le thé vert et le maté semblent intéressants comme adjuvants d’un régime amaigrissant. L’infusion de ces deux feuilles contient de la caféine et des flavonoides.
Autant le thé vert est assez insipide autant le maté, Ilex paraguariensis, est amer.
Le thé vert est peu stimulant, c’est une boisson agréable et bénéfique à plus d’un titre (protection vasculaire, peut-être protection contre la dégénérescence cancéreuse)
Le maté est « très » stimulant, attention à l’insomnie quand on boit du mate en fin de journée. N’oublions pas que la caféine est aussi un excitant cardiaque et légèrement diurétique.
GARCINIA
Les extraits de l’écorce de fruit de Garcinia cambogia et Garcinia indica , in vitro et chez l’animal, empêchent l’accumulation de graisse, semblent diminuer l’appétit et augmentent en même temps la consommation de glucose (la thermogenèse). Chez l’homme c’est moins évident.
On estime que les extraits de garcinia cambogia concentré en acide hydroxycitrique ou en son sel calcique peuvent aider à perdre du poids :
- Quand l’alimentation est trop riche en glucides (sucres, sucreries, pain, pâtes, riz, pomme de terre etc..). L’extrait de garcinia n’agit pas quand l’alimentation est trop riche en corps gras.
- Quand on absorbe les extraits de garcinia riches en acide hydroxycitrique très peu de temps avant de manger (1/2 heure à une heure avant le repas)
- Quand la dose quotidienne est assez élevée : au moins l’équivalent de 1500 mg d’acide hydroxycitrique par jour en plusieurs prises selon les repas ; dans certaines études la dose quotidienne approche les 3 g par jour et même 4,5 g par jour.
- En évitant un régime riche en fibres insolubles (comme le son) qui empêche, semble-t-il, l’absorption intestinale de l’acide hydroxycitrique ou de ses sels.
On trouve sur le marché des extraits purs de garcinia, ou des compléments alimentaires qui en contiennent souvent en association avec d’autres substances ou extraits de plantes à visée amaigrissante.
Il faut préférer les extraits purs de garcinia car les compléments amaigrissant composés n’en contiennent généralement pas assez pour être efficace. De plus certaines substances associées aux extraits de garcinia peuvent avoir des effets secondaires néfastes (chrome, caféine, éphédrine).
Depuis mai 2012 les autorités françaises de l’ANSM n’autorisent plus la vente de médicaments contenant du garcinia.
COLEUS (COLEUS FORSKOHLII)
La racine de cette plante asiatique est utilisée depuis longtemps en médecine ayurvédique. Elle est préconisée aussi bien pour des troubles cutanés (psoriasis, eczéma), cardiaques, l’asthme ou l’impotence sexuelle masculine.
Il semblerait que cette plante, dont le composé principal est la forskoline, active plusieurs systèmes enzymatiques fondamentaux du métabolisme intermédiaire. Ce faisant le coleus augmenterait l’activité de la thyroide et de façon directe ou indirecte celle des cellules graisseuses (lipolyse des adipocytes). L’extrait de coleus est donc proposé comme adjuvant des régimes amaigrissants.
On doit éviter d’en prendre en cas d’hypotension chronique, de troubles de la coagulation, d’ulcères digestifs, et en cas de grossesse. L’extrait est standardisé en forskoline : exemple 250 mg d’extrait standardisé à 1%, deux à trois fois par jour.
PLANTES A INULINE QUI LIMITENT L’ABSORPTION INTESTINALE DES GLUCIDES :
yacon, topinambour
Les plantes alimentaires contiennent différents types de polysaccharides.
Les diététiciens s’intéressent maintenant aux plantes à inuline (fructanes) parce qu’elles apportent peu de calories tout en induisant un effet de satiété (coupe-faim). De plus elles favorisent le maintien d’une flore intestinale active et variée qui facilite le transit et maintient le colon « en bonne santé » (action probiotique).
Quelles sont les plantes à fructanes (inuline) ? La racine de chicorée et de pissenlit, le rhizome de chiendent ou d’asperge, les tubercules du topinambour (Helianthus tuberosus) et du yacon (Smallanthus sonchifolius = Polymnia sonchifolia).
Le topinambour, Helianthus tuberosus, est une plante d’Amérique du Nord, très résistante et qui s’adapte à beaucoup de terrains même pauvres. Il a été introduit en France avant la pomme de terre mais n’a pas rencontré le même succès malgré la facilité de sa culture. On peu consommer les tubercules souterrains crus ou cuits.
Le yacon (Smallanthus sonchifolius = Polymnia sonchifolia) est originaire de la région andine d’Amérique du sud, il contient encore plus d’inuline que le topinambour. Il est quasiment inconnu en Europe bien que cultivable dans la majorité des pays tempérés. On peut consommer les tubercules crus ou cuits. Certaines études ont montré que la consommation de yacon permettait en plus de contrôler le diabète modéré de type 2. On peut trouver sur le marché international des extraits de yacon (racine déshydratée en poudre ou en lamelles)
PLANTES SUCRANTES MAIS SANS SUCRE : Stevia, Rubus suavissimus.
L’attrait des humains pour les aliments sucrés est manifeste et universel. Pourtant le sucre cristallisé est un aliment relativement récent lié au développement des plantations de canne à sucre et de betterave sucrière.
Pourquoi ne pas remplacer ces sucres par des aliments naturels, produisant la sensation sucrée mais sans calories ou risque cariogène ?
On connaît au moins deux plantes sucrantes : la Stevia, Stevia rebaudiana, ou herbe sucrée du Paraguay, et la ronce sucrée de Chine, Rubus suavissimus.
Les pays asiatiques qui produisent peu de sucre les ont adoptées (Japon, Corée du sud, Chine, Taiwan, Malaisie), mais les pays occidentaux ne les connaissent pas car les lobbies du sucre et de l’aspartame (édulcorant sucrant) y sont puissants.
Les feuilles de ces deux plantes contiennent des hétérosides (stevioside pour la Stevia) au pouvoir sucrant (environ deux cent fois l’effet du sucre). On utilise les feuilles en infusion ou les extraits de feuilles dans l’alimentation (en Asie il y a même du coca à la Stevia).
L’intérêt de ces plantes ne se limite pas à leur pouvoir sucrant qui permet de les substituer au sucre dans un régime diététique ou amaigrissant, elles possèdent d’autres propriétés médicinales : anti-inflammatoire, antidiabétique, anti-allergique, anti-hypertensive. Ces deux plantes peuvent se cultiver en Europe.
PLANTES QUI AUGMENTENT L’ACTIVITE HEPATIQUE, PLANTES DEPURATIVES :
pissenlit, artichaut, romarin, chardon marie, curcuma, hercampuri (gentianella)
Le foie est une glande très importante dans la régulation du métabolisme du glucose et des lipides sanguins. Les personnes en surpoids ou obèses ont souvent un foie épuisé ou fonctionnant mal quand il n’est pas stéatosique à la manière d’un foie d’oie qu’on gave.
Il faut donc stimuler l’activité hépatique et son excrétion biliaire pour accompagner un régime amaigrissant. Les plantes citées sont pour la plupart déjà détaillées dans le site Phytomania. L’Hercampuri est une plante d’Amérique du sud principalement utilisée au Pérou.
TRAITEMENT DES COMPLICATIONS DE L’OBESITE PAR LES PLANTES MEDICINALES : PLANTES ET DIABETE, PLANTES ET TROUBLES DU CHOLESTEROL
Le syndrome métabolique lié au surpoids ou à l’obésité s’accompagne presque toujours d’un diabète de type 2 avec souvent épuisement du pancréas lié à l’inefficacité progressive de l’insuline.
Ce syndrome s’accompagne le plus souvent de troubles des lipides sanguins (augmentation du cholestérol sanguin, des triglycérides, anomalie dans le rapport des transporteurs (lipoprotéines) du cholestérol.
Quand le surpoids s’accompagne de ce type d’anomalies métaboliques, il est fondamental d’associer une phytothérapie adaptée au régime hypocalorique (amaigrissant).
Guggul, Commiphora mukul ; ail, Allium sativum ; artichaut, Cynara scolymus ; pissenlit, Taraxacum officinalis ; romarin, Rosmarinus officinalis ; curcuma, Curcuma longa ; ginseng, Panax ginseng ; olivier, Olea europea ; noyer, Juglans regia ; ronce, Rubus fructicosus ; framboisier, Rubus idoeus ; fraisier, Fragaria vesca ; mûrier, Morus nigra ; myrtille, Vaccinium myrtillus ; thé vert, Camellia sinensis
Nous ajouterons aux plantes déjà citées le Lagerstroemia speciosa (banaba). Le Lagerstroemia speciosa (banaba aux Philippines) est un arbre de taille moyenne originaire du sud est asiatique. Il est utilisé depuis longtemps dans cette partie du monde pour soigner les symptômes du diabète et certains troubles urinaires. Plusieurs études in vitro et chez l’animal ont confirmé l’intérêt de la feuille de banaba comme antidiabétique et adjuvant d’un régime amaigrissant. Ce sont les tanins qui paraissent actifs.
Cette plante ne semble pas présenter de toxicité. Elle est donc tout à fait intéressante pour soigner les complications de l’obésité et du diabète léger en Asie du sud-est, où cette épidémie prend de l’ampleur et où les médicaments sont souvent falsifiés.
PLANTES MEDICINALES « CALMANTES » ADJUVANTES DU REGIME HYPOCALORIQUE : le millepertuis (Hypericum), le pavot de Californie (Eschscholtzia), la valériane( Valeriana), le tilleul (Tilia)
L’augmentation du poids est souvent liée à l’anxiété ou à des troubles psychologiques mineurs. Le régime alimentaire hypocalorique, régime restrictif par définition donc frustrant, peut également accentuer le « nervosisme » ou s’accompagner d’instabilité caractérielle ou émotive. Il faut donc souvent associer des plantes calmantes ou légèrement sédatives au régime amaigrissant. Plusieurs plantes citées sont détaillées dans le site Phytomania, voir aussi la rubrique insomnie et troubles du sommeil.